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Une tribune du fondateur de Finense dans le Journal du Net – Derrière la crise du Covid-19, la place des seniors en question

Le 25 mai 2020

Et si la crise sanitaire mondiale de ce printemps 2020 nous obligeait à repenser l’entraide intergénérationnelle, à concevoir autrement les liens qui nous unissent à nos aînés ?

Et si le vrai drame de la pandémie de Covid-19, c’est ce qu’elle révèle sur la façon dont nos sociétés considèrent les personnes âgées ? En Italie, on a su très tôt que certains « anciens » n’avaient pu être soignés par manque de place dans les unités de réanimation. En France, on a mis plusieurs semaines avant de commencer à comptabiliser les morts du coronavirus en Ehpad (comme s’ils ne comptaient pas ?). Le gouvernement a évoqué un confinement rallongé spécialement pour les personnes âgées, avant de faire marche arrière.

Confiner pour protéger nos aînés, ne doit pas faire oublier que l’isolement et la solitude sont aussi vecteurs de vulnérabilité. Et si la crise sanitaire mondiale de ce printemps 2020 nous obligeait à repenser l’entraide intergénérationnelle, à concevoir autrement les liens qui nous unissent à nos aînés ?

L’isolement, source de vulnérabilité pour les seniors

Au départ, il y a un fait établi : on estime que les « + de 70 ans » représentent 86% des décès liés au Covid-19 . Cette sur-représentation considérable des seniors parmi les victimes du coronavirus a conduit à vouloir isoler autant que possible les personnes âgées. Mais c’est là ne pas tenir compte d’une autre réalité. Beaucoup de personnes âgées souffrent déjà d’un véritable isolement au quotidien bien avant cette crise : éloignement des proches, peu de contacts avec le voisinage du fait de modes de vie individualiste, éclatement du noyau familial… Quant aux personnes âgées en perte d’autonomie, mais restant à domicile, elles dépendent souvent de la venue régulière d’aidants familiaux, la plupart du temps, un de leurs propres enfants.

Or, souvent, la pandémie est venue mettre à mal des habitudes bien ancrées, une routine précieuse aux seniors. D’ailleurs, beaucoup ont eu du mal à supporter le principe d’isolement qui a engendré un très fort sentiment d’abandon pour ceux et celles, parfois, déjà très fragilisés psychologiquement.

Un contexte favorable aux arnaques

La solitude des seniors finit par en faire des victimes « trop faciles » pour nombre d’arnaqueurs professionnels.  Les abus de faiblesse commis envers les seniors font régulièrement la Une des médias mais, depuis le début de la crise du Covid-19, les arnaques et les vols se multiplient, comme les cambriolages d’Ehpad pendant le confinement, (vols de bijoux, de numéraires et de cartes bancaires avec… le code confidentiel scotché dessus). Citons également les « appels malveillants » de personnes se faisant passer pour des hôpitaux ou des services de désinfection rattachés à la commune, ces escrocs se présentant ensuite au domicile des personnes âgées pour leur dérober des biens ou encore, les arnaques sur internet visant les vols de données et la récupération des coordonnées bancaires.

Prendre soin de nos aînés, c’est aussi s’assurer qu’ils peuvent financièrement s’en sortir

Parce que les seniors sont trop souvent les victimes « idéales » d’arnaques et d’abus de faiblesse ; parce que la perte progressive d’autonomie se manifeste aussi par des difficultés croissantes à gérer son budget, ses finances, ses impôts… ; parce que l’allongement de la durée de vie oblige à s’interroger sur la façon de préparer au mieux les années de prise en charge… il faut également prendre soin de ses parents âgés sur le plan des finances. Une espérance de vie toujours plus longue n’a rien à voir avec le « vivre mieux ».  Preuve en est l’extrême précarité de certaines personnes âgées qui vivent au jour le jour avec des revenus si bas, que tout au quotidien devient compliqué.

Ainsi, la crise du coronavirus peut finalement permettre l’émergence de discussions sur des sujets encore très tabous en famille, notamment la question de l’argent et la mise en place du soutien des proches. Bien sûr, cela peut entraîner une réticence de prime abord de la part des seniors qui y voient une ingérence ou un interventionnisme non-nécessaire. Il convient donc de trouver le moment et les mots permettant d’avoir une discussion saine et franche sur les finances personnelles.  Confier à un enfant un droit de regard sur ses comptes, ce n’est pas perdre de l’autonomie, c’est bien plus souvent protéger ses propres intérêts. Les aidants familiaux doivent aussi être conscients qu’il convient d’assurer la transparence sur l’aide sur la gestion de l’argent, avec le reste de la fratrie -s’il y a lieu- afin de maintenir la paix des familles.

En conclusion, des personnes âgées à qui l’on ne rend plus visite peuvent être fragilisées à de nombreux titres : elles ne surveillent plus leur alimentation de la même manière ; elles ne se soignent plus toujours correctement, par peur d’aller chez le médecin ou parce qu’elles « se perdent » dans les médicaments qu’elles ont à prendre. Mais surtout, elles peuvent aussi être victimes d’arnaques de plus en plus nombreuses. En un mot, avec l’isolement, la vulnérabilité augmente considérablement.

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire le risque que de plus en plus de personnes âgées soient victimes d’escroqueries ou de maltraitance financière, qui est presque toujours, une conséquence de la solitude. Aider nos seniors à mieux gérer leur argent, avec l’assistance de leurs proches de confiance, les accompagner avec bienveillance tout en préservant leur dignité, font partie de la solution. 

Les enfants se doivent d’intervenir et d’accompagner au mieux leurs parents ou proches âgés. La solidarité intergénérationnelle apparaît ainsi comme le meilleur moyen pour éviter de laisser nos aînés être confrontés à un vide relationnel, si propice aux abus et aux arnaques. La crise du coronavirus pourrait donc être l’occasion de repenser nos liens entre générations, d’être plus à l’écoute de nos anciens, de nous rapprocher d’eux et d’aborder – enfin – des sujets que vous n’osiez pas évoquer. Avec pour objectif majeur de préparer une vieillesse plus sereine et mieux organisée.

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